Cannes 2010
Par Rodolphe le lundi, mai 24 2010, 14:10 - Lien permanent
Petit retour de Croisette… choppé un rhume et vu 31 films. Au final un palmarès qui exclut injustement Another year et Housemaid, avec une palme d’or dont on dit déjà ici et là que « la palme endort »… On pouvait voir cette année autour du Palais le symbole étrange, collé un peu partout, de Vidéo en Poche.
Les noms des gens : charmante comédie, naïve, fraiche et un poil démago, mais pour la bonne cause, avec Lionel Jospin en guest star (rien que pour ça, à voir absolument)
Tournée : les filles sont super, nocturne, sensuel, un peu malsain, un peu d’amertume, un bon « first shot »
Chongking blues : mélodrame chinois assez banal, occidentalisé, mais pas mal fait, avec quelques beaux plans
Donoma : un ovni étonnant dans la lignée de Cassavetes, premier film avec plein de jeunes talents, d’impertinence, et beaucoup de cœur
Benda Bilili ! Quand les déshérités de Kinshasa donnent une leçon de vie aux pauv’ européens, un mix pêchu entre Buena Vista et Freaks
Wall Street : efficace, quelques dialogues bien sentis qui tapent sur le capitalisme financier, mais en fin de compte assez consensuel
Housemaid : superbe, lutte des classes et guerre des sexes, trahison à tous les étages, au moins prix de la mise en scène
Petit bébé Jesus des Flandres : 1h15 pénibles comme 4
Un poison violent : charmante, vert tendre, mais assez banale histoire d’adolescente et d’éveil à la sexualité
Another year : superbe Mike Leigh, du niveau de Secret and lies, palme potentielle
Robert Mitchum est mort : entre Eldorado et Kaurismaki, le film peine à faire oublier ses modèles
La princesse de Montpensier : grande, documentée, belle et académique fresque historique et romanesque (Madame de Lafayette invente le mail dans une scène où un personnage indique comment envoyer un courrier à Montpensier, il est toujours prêt du Comte d’Anjou dont tout le monde sait où il est, ça donne donc : montpensier@comte-anjou.fr)
Un homme qui crie : sous le signe d’Aimé Césaire et du Dernier des hommes, très belle histoire du remords d’un père sacrifiant son fils sur l’autel de sa propre dignité
La casa muda : thriller façon Rec, très court, un seul plan séquence d’1h15, très malin et tout en suggestion
La vie au ranch : picole et vacuité, les jeunes étudiantes sont plutôt marrantes, mais au final une espèce de reality show assez vain
Biutiful : comme son nom l’indique… Dans la veine d’Amours Chiennes, douloureux et magnifique
Tout va bien se passer : film à chausse trappe bien construit, au rythme soutenu
Des hommes et des dieux : l’énigme de l’assassinat des moines de Tiberine, entre mystère chrétien et récit hagiographique, l’acte de foi. C’est la révélation extatique ou on reste en retrait (mais pourquoi donc la musique du Lac des Cygnes dans la dernière Cène ?)
Blue Valentine : charmante histoire de rupture, histoire banale mais des personnages très touchants
Two gates of sleep : encore une histoire de deuil dans la nature, assez éprouvant…
Des filles en noir : deux adolescentes suicidaires dont l’une, plus cérébrale, domine l’autre. Assez froid et distancier, elles sont plutôt agaçantes
Poetry : très beau, au raffinement maitrisé, sans excès, probablement un prix d’interprétation pour l’actrice principale
Stone in exile : surtout pour les images d’archive (et puis Mike Jagger était là quand même :)
Fair game : un récit pas sans intérêt mais n’est guère palpitant, qu’est-ce que ça fout en compétition ?
La nostra vita : bourré d’énergie, un personnage en deuil qui refuse le désespoir, un film de survie dans une Italie en crise
My joy : un conte à la Iosseliani très réussi, puissant mais ukrainien, sombre mais drôle, pas vraiment le « bonheur » du titre…
Simon Werner a disparu : pas terrible, des artifices de polar greffés sur une histoire genre « club des cinq »
Hors la loi : très beau, très utile, comme l’était Indigènes (un grand merci aux manifestants et aux CRS pour leur contribution au buzz)
Octobre : une fable charmante, très maline, qui avance par subtiles petites touches
Armadillo : soldats danois en Afghanistan, des images très fortes au service d’intentions suspectes, reste un document étonnant et brutal
Making fuck off : parfait pour finir ce festival, des images super 8 du tournage de Mammuth, humour et nostalgie