Betes-du-sud-sauvage.jpgLes mouvements du bassin : bon, j’avais pas vu de film de HPG, voilà c’est fait, je recommencerai pas, très ennuyeux…

Reality (en salles le 3/10) : superbe film de Matteo Garrone sur la destruction de la personnalité et du tissu social par la télé réalité. On retrouve ici tout le grand cinéma italien qu’on adore, toutes époques confondues dans une construction d’une cohérence parfaite et féroce, on pense à De Sica, Fellini, Petri… la perfection pour un film nous reste dans le crâne avec un rire final qui n’en finit pas de résonner. « Never give up ! »

Les bêtes du Sud sauvage (en salles le 12/12) : magnifique premier film méritant amplement une Camera d’Or qui n’a surpris personne. Une histoire naturaliste et poétique qui emprunte beaucoup au cinéma des débuts de Terrence Malick (La balade sauvage, Les moissons du ciel), notamment la voix off de la petite fille et l’atmosphère élégiaque, et avec une dimension imaginaire portée par les Aurochs et la vision d’une humanité primitive vivant dans les marais en marge de la civilisation.

Polluting paradise : l’évolution de la société à travers l’impact de l’implantation d’une décharge près d’une petite ville. Le film décrit les années de lutte de la population locale, leur renoncement face au rouleau compresseur des décisions administratives, et le délitement de la société et d’un certain bonheur de vivre qui s’en suivent. Formellement très sobre et classique, un film documentaire très touchant mais un peu désespérant aussi.

NO-2.jpgNO : très beau film de Pablo Larrain, étonnamment drôle également, qui décrit cette histoire incroyable du renversement en 1988 de la dictature de Pinochet par le marketing… renversant ! Récit de la campagne référendaire pour ou contre Pinochet, qui fut gagnée par les partisans du non avec des pubs comparables aux campagnes Coca Cola et autres produits de consommation de masse qui vendent du « bonheur ». L’ironie de l’histoire est dans le spot final du principal artisan de cette campagne qui annonce l’avènement d’une autre dictature, celle de l’argent et de la consommation de masse. Non seulement le sujet du film est d’une grande originalité, mais également le choix formel audacieux d’une image de qualité VHS des années 80 qui permet la fusion avec les images d’archive.

Des hommes sans loi (en salles le 12/09) : « a damn good John Hillcoat movie ! » Film noir impeccable du temps de la prohibition, mais vu du côté des bouseux, l’histoire vraie des trois frères Bondurant (on pense au Pete Bondurant chez James Ellroy, un descendant ?), ploucs et bootleggers qui distillaient à tout va la gnôle qui alimentait les tripots de Chicago. Un scénario original pour une période largement explorée au cinéma, très bon film de genre à la mise en scène soignée et qui ne manque pas d’un humour qui fait un peu penser aux frères Cohen.

Les chevaux de Dieu : par le réalisateur d’Ali Zaoua, un film un peu trop démonstratif sur comment la pauvreté des bidonvilles fabrique les terroristes d’Al Qaida. Même si le film dans son ensemble est pas mal fait, les personnages sont trop stéréotypés pour qu’on arrive à croire à cette transformation en kamikazes, ce qui donne une deuxième partie un peu poussive et il nous tarde à la fin qu’on achève bien les chevaux de Dieu…

La Sirga : le genre de film très abscons, j’ai pas tout compris mais c’est pas désagréable, de belles scènes, une atmosphère un peu tendue et pesante, j’ai somnolé tranquillement sans remords et sans trop rien perdre du film.

Augustine (en salles le 7/11) : un premier film en costumes sur la maladie de Charcot, pas de quoi être hystérique, mais se regarde sans déplaisir. Visuellement, c’est pas trop réussi, le contexte est baclé, les personnages manquent d’épaisseur et les rapports entre eux de crédibilité.

La-chasse.jpgLa Chasse (en salles le 14/11) : le Vinterberg de Festen est de retour avec un film maîtrisé qui décrit avec méthode l’engrenage de ce que peut provoquer la connerie humaine au sein d’une communauté bourgeoise bien pensante et bien tranquille. Comme le souligne la fin en référence au film de Cimino, c’est un voyage au bout de l’enfer d’une communauté « respectable ». Un prix d’interprétation mérité pour Mads Mikkelsen.

Confession d’un enfant du siècle : pauvre Alfred de Musset, assassiné à coups de Pete Doherty… ça commence pas trop mal, grâce au texte en voix off de Musset, mais le reste est navrant, on s’ennuie ferme, quand on est pas agacé par les personnages et l’intrigue.

Une famille respectable : description intime d’un Iran au bord de la révolte à travers l’histoire des membres de cette famille, de l’intellectuel trop naïf au soutien corrompu du régime, assez beau avec une construction complexe mais qui fonctionne assez bien.

Like someone in love : Kiarostami s’amuse et ose une comédie ‘primesautière’ étonnante, un film modeste de pure mise en scène qui use avec bonheur du comique de situation vaudevillesque, vraiment surprenant de la part de Kiarostami.

L’Éléphant Blanc : beau film de Pablo Trapero dans un bidonville à Buenos Aires, avec un Jeremy Renier étonnant et des scènes de rue très fortes.

3 : un film un peu long pour un titre aussi court, mais très jolie histoire de famille décomposée, des personnages touchants et justes, pour une histoire qui ne manque pas d’humour et ne sombre jamais dans le pathos.

J’enrage de son absence (en salles le 31/10) : de belles choses dans cette histoire de deuil de la mort d’un enfant, mais le drame est trop appuyé, et le second rôle du mari un peu faible, ce qui fait perdre en crédibilité la fin du film. L’ensemble est quand même assez émouvant, même s’il s’essouffle sur la durée.

Cogan, la mort en douce (en salles le 17/10) : polar très stylisé, un peu trop tarentinesque dans sa construction mais pas mal du tout, un film noir de la crise économique qui a un impact sur le monde des truands, un peu comme les questions que se posaient les personnages des Sopranos sur leur époque (Gandolfini n’est pas là par hasard), et une réplique finale terrible : « America is not a country, just a business ».

La part des anges (en salles le 27/06) : un Ken Loach « grand cru » et euphorisant, un pur régal qui fout la patate ! Un film vraiment très drôle à l’humour bien distillé et qui peut plaire à tout le monde.

Kervern-2.jpgLe grand soir : Delépine et Kervern en pleine forme, se sont bien amusé aussi durant le festival : l’an dernier, Lars Von Trier faisait des films de nazis, cette année Kervern « encule Brad Pitt », changement de ton sur la Croisette.

Sur la route : adaptation fidèle du livre de Kerouac, un peu académique et manque d’âme, mais se laisse voir quand même.

Holy motors : on se fout complètement des états d’âme nombrilistes de Leos Carax qui fait un film sur son absence du cinéma durant ces dernières années, hum, comment dire, je suis parti au bout d’une heure… Ouf, le jury ne l’a pas récompensé comme on pouvait le craindre en lisant la presse (qui va nous soûler la semaine de la sortie le 4/07…).

Ernest et Celestine (en salles le 12/10) : très jolie adaptation, très drôle, superbe animation, avec Daniel Pennac au scénario, enchantera petits et grands.

La playa DC : l’impression d’un assez beau premier film, fait penser au cinéma des frères Dardenne, l’histoire d’une fratrie qui essaye d’échapper aux quartiers pauvres de Bogota, sobre et tenu, malheureusement un peu dormi (cf. les vidéos de la teuf du Grand Soir la veille avec le convert des Wampas…).

Touristes.jpgTouristes ! (en salles le 26/12) Film très très très drôle, à l’humour noir très british, un petit couple très conventionnel qui durant leurs vacances se met à buter tous les touristes qui dérangent un tant soit peu leur paisible voyage idyllique dans la campagne anglaise. Une des bonnes répliques du film : « murder is green » (on pourrait organiser des soirées « tourisme vert » avec présentation de l’indescriptible Carapod, sorte de caravane monospace montée sur bicyclette).

Paperboy (en salles le 14/11) : un film noir dans le bayou qui se laisse voir, malgré une histoire un peu bâclée et une forme parfois trop en décalage avec le récit, heureusement que Nicole Kidman et Matthew McConaughey sont là pour sauver la mise.

King of pigs : un film d’animation coréen hystérique (ça crie tout le temps de manière suraigue), des personnages particulièrement laids et détestables, une animation assez ratée aussi… avec un peu de chance, ça sortira pas en salles.

Cosmopolis : la philosophie dans la limousine, très bavard, intéressante vision du capitalisme, mais dur de voir ça en fin de festival, faut que je le revoie, ne sachant en fin de compte pas vraiment si c’est génial ou si c’est du foutage de gueule.

Les voisins de Dieu : récit moraliste assez simpliste et agaçant, pas trop mal fait, mais décidément trop religieux.

Camille redouble (en salles le 12/09) : une intrigue mille fois rebattue (on pense bien sûr au Peggy Sue s’est mariée de Coppola), mais racontée avec beaucoup de charme et d’humour, donc ça passe, mais tout juste.

L’ivresse de l’argent : deuxième opus après The Housemaid sur cette famille très riche, corrompue, perverse et dépravée. La mise en scène est moins éclatante que dans The Housemaid, mais c’est plutôt bien quand même.

Mud.jpgMud (en salles le 19/12) : un grand film américain, une histoire dans la tradition des romans de Mark Twain et John Steinbeck, de beaux personnages, une superbe mise en scène, la grande classe Jeff Nichols !

Renoir (en salles le 2/01) : de facture très classique, assez beau, forcément très pictural, Bouquet évidement superbe en Renoir.

Au-delà des collines (en salles le 21/11) : très beau film,d’après une histoire vraie, sur le positionnement moral dans l’enfermement d’une communauté religieuse, on est surpris à comprendre l’attitude des religieux qui vont pousser un exorcisme jusqu’à la mort. À la fin, la doctoresse puis les policiers nous recadrent dans la réalité de ce qui s’est passé, provoquant un profond malaise. La grande habileté du film est de nous balloter de part et d’autre de la frontière ténue entre le bien et le mal.