Gu-nam, chauffeur de taxi endetté jusqu’à l’os, accro au mah-jong, mène une existence misérable dans une ville où la moitié de la population vit d’activités illégales. Depuis six mois, il est sans nouvelles de sa femme, partie en Corée du Sud chercher du travail. Myun, un parrain local siégeant tous les jours au beau milieu du « 369 Market », un immense marché au chien qui abrite un millier de bêtes (une scène particulièrement forte dans le film, dans la tradition du cinéma réaliste chinois et dont l’expressionnisme sous-tend aussi cette violence bestiale qui se déchaînera par la suite), lui propose de l’aider à passer en Corée pour retrouver sa femme et en même temps de rembourser ses dettes de jeu. Pour cela, il devra y assassiner un inconnu… Mais bien sûr rien ne se passera comme prévu, et Gu-nam va se retrouver pris au milieu d’un règlement de comptes entre gangs, pourchassé de toutes parts y compris par la police (dans une course poursuite qui donne lieu à des scènes époustouflantes qui laissent loin derrière dans la poussière tous les gros blockbusters occidentaux shootés à la 3D qui vont se succéder durant l’été), cherchant désespérément sa femme et luttant pour sa survie. C’est l’histoire d’un type ordinaire (non, ce n’est pas un biopic sur François Hollande) qui, par nécessité, va devoir se transformer en meurtrier, et se trouve plongé dans un déchaînement de violence (oui, autant prévenir les âmes sensibles, c’est au couteau de boucher et à la hachette qu’ils règlent leurs différents…).

Mais heureusement, le film ne ce résume pas à ces scènes certes incroyables, où le grand-guignolesque touche à la fois au sublime et au burlesque le plus échevelé. La construction de l’intrigue et des personnages est particulièrement soignée, les deux acteurs principaux les incarnent magistralement, et la mise en scène virtuose, toujours au service du sujet ambitieux, confirme le grand talent de Na Hong-jin, un jeune cinéaste dont il faudra désormais retenir le nom.